lundi 13 mai 2013
Cette année, en France, le 17 mai aura un goût bien amer : si la loi sur le mariage et l’adoption a finalement été votée – ce dont nous nous réjouissons ! –, nous ne pouvons oublier le climat homophobe qui règne depuis quelques mois. Tous ces mots et ces actes hostiles resteront longtemps gravés dans la mémoire des lesbiennes, gays, bi-e-s et trans.
En 2012, SOS homophobie a reçu 1 977 témoignages sur sa ligne d’écoute, par mail et sur le chat. Entre le 1er janvier et le 31 mars 2013, près de 1 200 témoignages ont été recensés par l’association, soit 60 % des déclarations reçues en 2012 en seulement trois mois ! Évoquant des actes inacceptables, ces témoignages expriment les souffrances vécues par ceux et celles qui sont confronté.e.s à la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie. Leur analyse permet aussi de mieux appréhender les violences et les discriminations vécues par les personnes LGBT et de mettre en place les meilleurs outils pour les combattre : un Rapport annuel sur l’homophobie publié chaque année et remis aux pouvoirs publics pour briser le silence ou encore des interventions en milieu scolaire pour sensibiliser les jeunes dès le collège.
En 2012, moins de 20 % des 1 977 témoignages reçus ont dénoncé un acte lesbophobe. Pourquoi si peu de lesbiennes contactent-elles SOS homophobie ? La lesbophobie serait-elle moins forte que la gayphobie ? Ou témoignent-elles moins fréquemment ? La commission lesbophobie de SOS homophobie étudie depuis plusieurs années cette question.
En 2003, elle a été à l’initiative d’une grande enquête nationale s’adressant aux lesbiennes. Sur les 1 793 répondantes, près des 2/3 (63 %) avaient déclaré de la lesbophobie : 1 sur 2 dans l’espace public, 1 sur 2 dans la famille, 1 sur 4 dans leur cercle d’ami-e-s, 1 sur 4 au travail. Preuve, s’il en était besoin, que les lesbiennes sont tout aussi touchées par les violences et le rejet que les gays. Grâce à cette étude majeure, nous avons pu également dégager les spécificités de la lesbophobie, notamment la négation de la sexualité entre femmes et/ou son assimilation à la pornographie.
A la suite de ce constat, la commission lesbophobie a participé à différents événements lesbiens (soirées, festival, manifestations, etc.) pour sensibiliser les personnes concernées, recueillir des témoignages de femmes et leur proposer un soutien si nécessaire. Nous avons ainsi pu nous rendre compte que les lesbiennes avaient souvent du mal à nommer les violences qu’elles subissaient – ce qui n’est pas étonnant dans un pays où le terme lesbophobie ne figure pas dans le dictionnaire ! Rejetées par leur famille, insultées au travail, frappées dans la rue ou discriminées par leur gynécologue au motif de leur orientation sexuelle, les lesbiennes sont encore aujourd’hui confrontées régulièrement à la lesbophobie.
Force est pourtant de constater que dix ans après la première enquête nationale sur la lesbophobie, aucunes données statistiques nouvelles n’ont été publiées. L’association a donc décidé de mener une deuxième étude. Lancée le 30 mars dernier, celle-ci a un double objectif :
- savoir quelles visibilités ces femmes accordent à leur orientation sexuelle aujourd’hui : visibilité par la parole, par les gestes, par l’engagement associatif/culturel et par le look
- connaître de façon plus approfondie les différentes manifestations de la lesbophobie
Dans cette période d’avancées législative qui a libéré les paroles les plus homophobes, il est fondamental de savoir ce que vivent les personnes LGBT. Lesbiennes, la parole est maintenant à vous !
Stéphanie Arc et Tania Lejbowicz de la commission lesbophobie de SOS homophobie.
Enquête s’adressant aux femmes : visibilité et réaction de l’environnement
Cette enquête s’adresse aux personnes se définissant comme femme, qui ont eu ou qui ont (au moins) une relation sexuelle/affective avec une autre femme.
Cette enquête a pour objectifs d’établir la visibilité que vous accordez aujourd’hui à votre orientation sexuelle et de savoir si vous êtes nombreuses à rencontrer pour cette raison des comportements hostiles.
Vos témoignages anonymes nous permettront de disposer de statistiques, encore trop rares en France, sur la façon dont les lesbiennes et bies vivent leur vie amoureuse et affective. Nous contribuerons ainsi à alimenter le débat public.
Merci de prendre le temps (15 minutes environ) de remplir ce questionnaire qui sera clos le 20 juillet 2013.
Lien pour répondre à l’enquête : www.sos-homophobie.org/enque...
Lien vers l’analyse de l’enquête de 2003 (publiée en 2008) : www.sos-homophobie.org/enque...
SOS homophobie lutte à l’échelle nationale contre les violences et discriminations dont sont victimes les personnes LGBT en raison de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée, ou de leur identité de genre. Créée en 1994 autour d’une ligne d’écoute anonyme et gratuitre, les missions de l’association s’orientent autour de trois pôles :
- le soutien aux victimes et leur accompagnement,
- la prévention d’actes homophobes et transphobes par des interventions en milieu scolaire, par la formation pour adultes ainsi que via un site Internet pour les adolescent-e-s LGBT,
- enfin le militantisme pour l’égalité des droits avec notamment le recensement et l’analyse des témoignages reçus dans le rapport annuel, la participation à diverses manifestations et la prise de positions publiques.
Essentiellement composée de bénévoles, SOS homophobie est ouverte à toutes et tous, partout en France par le biais de ses délégations régionales.
Ligne d’écoute anonyme : 0810 108 135 ou 01 48 06 42 41
Site Internet : http://www.sos-homophobie.org
Site Internet de SOS homophobie destiné aux adolescent-e-s LGBT : www.cestcommeca.net
SOS Homophobie sera présente à la soirée STOP ! à la lesbophobie, la transphobie, l’homophobie, le vendredi 17 mai 2013 à la maison, 65 bvd de la villette, 75010 Paris, 21h-02h, gratuit pour everybody !