Ohé du bateau !
Le rêve, le graal de tout "vrai" marin à la voile qui se respecte, c’est la course autour du monde. C’est l’assurance de rejoindre les annales, même mythiques, des aventuriers légendaires. C’est faire partie d’un cercle toujours fermé de ceux qui ont passé les caps les plus dangereux et affronter les mers du sud de notre globe, les célèbres 40èmes rugissants. Boucler un tour, c’est être un héros, un vrai.
Alors évidemment, à ce jeu-là, il y a très peu de femmes et la voile reste une activité de supers machos. Un peu comme ce que racontent les apprenties astronautes dans le documentaire "No Gravity" de Silvia Casalino, les challengeuses femmes font face à une forte résistance de la part de la gent masculine, surtout quand il s’agit de boucler un budget conséquent.
Un peu d’histoire...
Dans les années 80, Florence Arthaud, première femme à enfin accéder à la compétition de haut niveau, était souvent traitée de "valise" ou de "sac à patates" dans le milieu. Elle était considérée comme incompétente par ses homologues masculins qui lui jalousaient sa puissance financière, son bateau tout neuf et les débuts de l’assistance par radio. La presse et les médias avaient fait leurs choux gras d’un épuisement de la navigatrice lors d’une arrivée d’une course du rhum, qui lui avait fait perdre plusieurs places alors qu’elle était en tête. Ce n’est qu’en 1990, lorsqu’elle remporta la même route du rhum qu’on salua enfin une "vraie" sportive en elle.
Depuis, quelques femmes ont fait parler d’elles et ont pris le départ d’une des célèbres courses autour du monde en solitaire et sans escale, le Vendée Globe [1] Non sans difficulté, le prix à payer pour un bateau résistant et compétitif, un matériel électronique adapté, des vivres pour plus de 2 mois de navigation et l’entrainement qui précède étant exorbitants. Là encore, il est plus facile d’être un homme pour décrocher des sponsors. En 2012, il n’y en eu qu’une, Samantha Davies.
Qui est Samantha Davies ?
Samantha Davies n’est pas une néophyte, c’est une sportive chevronnée qui a passé son enfance sur un bateau. Celui qu’elle avait pour faire le tour du monde n’était pas neuf. Il avait été adapté autant que possible à sa taille et ses aptitudes physiques, modifié et boosté pour la bagatelle de 2 millions d’euros par son sponsor, le légumier Savéol. Oui mais voilà, il a cassé et Samantha a été obligée de faire demi-tour. On ne peut que difficilement imaginer les conséquences financières et psychologiques d’un abandon. C’est pourquoi on est heureuse de retrouver Samantha dans le groupe de 5 navigatrices sélectionnées pour former un équipage 100% féminin pour la Volvo Ocean Race de 2014.
"A ce jour, seuls quatre autres équipages exclusivement féminins ont tenté l’aventure en quarante ans d’histoire" de cette course. Un équipage tous les 10 ans, belle moyenne. Raison de plus pour ne pas bouder notre plaisir et les suivre tout au long de cette aventure...avec une petite préférence pour notre chouchoute Samantha.
Le défi sportif
Etre championne de voile demande des compétences larges et éclectiques. On se doit d’être experte en bricolage, pro en informatique, férue d’analyses météorologiques, fine stratège et tacticienne.
Physiquement, il faut être une athlète de haut niveau, le poids des voile de centaines de mètres carrés étant colossal et les changements de voiles se succédant sans cesse tout au long des journées.
Le sommeil est régulé, sur des cycles de 40 minutes, tout au long du jour et de la nuit.
La nourriture et les boissons sont comptées.
Mais ce qui fait le petit plus par rapport aux autres concurrents, c’est le sens de la communication, indispensables pour les sponsors.
Aucun doute qu’à ce jeu-là Samantha est reine, son sens de la mise en scène et son goût pour l’humour étant manifestes sur son blog ou ses vidéos. Et elle sait très bien ne pas se vexer quand le sexisme du journaliste est par trop manifeste !
Grâce au nouveau type de bateau dont elles disposeront et l’entrainement intensif qu’elles suivent à l’heure actuelle, elles pourraient gagner cet incroyable défi. Souhaitons-leur et soutenons-les ! Go Go Go Samantha, Carolijn Brouwer (Pays-Bas), Sophie Cizcek (Australie), Annie Lush (Grande-Bretagne) et Liz Wardley (Australie) !