C’est encore la grande cause nationale 2010 : la lutte contre les violences faites aux femmes. Beaucoup d’entre nous l’ont déjà oublié depuis les annonces du gouvernement du début de l’année. Un collectif de 25 associations se sont pourtant rassemblées autour d’une même charte, prônant l’arrêt des violences. En vous documentant, en signalant des abus, des violences faites à vous ou à des personnes de votre entourage, en communiquant autour de vous le numéro d’urgence : 3919, en signant la charte, vous pouvez aussi agir un peu.
Le procédé peut paraitre obsolète. Signer une charte, une pétition, à quoi ça sert ? La forme qu’il prend me parait pourtant nouvelle. Les auteures de la charte, qui s’affirment d’emblée féministes, proposent aux hommes de signer un manifeste. Lorsqu’on clique sur le lien, on est dirigé vers une page où s’étale en grand : "domination masculine". Avant d’y regarder à deux fois, on se demande si ce site ne fait pas l’apologie de cette domination, justement, avec ces spermatozoïdes qui nagent sur le fond de l’écran. Mais non, c’est le site du film éponyme.
Le contenu du manifeste est édifiant. Il semblerait, vu le nombre de commentaires laissés en fin de manifeste, qu’il existe réellement des hommes qui signent ce texte. C’est encourageant de savoir qu’il existe en France ou ailleurs des individus qui croient encore à des idées telles que celles-ci :
"Nous déclarons injustes les livres et jouets pour enfants représentant les femmes comme des ménagères ou des objets sexuels. Nous affirmons que ces représentations ne peuvent qu’encourager à la reproduction d’un système d’inégalités.
Nous affirmons qu’il est injuste que les tâches ménagères soient encore, dans leur grande majorité, effectuées par les femmes." ou encore "Nous déclarons que la prostitution est, dans tous les cas, une violence contre la personne qui se prostitue. Qu’elle semble être consentante, ou non. Nous considérons qu’il est injuste qu’une loi punisse les personnes prostituées. Nous considérons que les préférences sexuelles doivent rester un choix privé et qu’aucun droit ne saurait être nié à une personne en raison de son homosexualité ou transsexualité."
C’est édifiant, c’est généreux, mais alors pourquoi cela me parait-il si vide, si vain ?
En bas de page, il est stipulé que "Ce manifeste est réservé aux messieurs seulement on peut le comprendre mais nous vous invitons également à signer le manifeste mixte "Encore féministes". Il me parait que le "messieurs seulement on peut le comprendre" n’est pas une erreur de frappe, mais que là réside mon malaise. C’est un manifeste entre-deux, pas vraiment, qui en dit un peu mais pas totalement. Pas un manifeste politique en tout cas, juste de la pub pour un film au demeurant peut-être éclairant. Décevant. A moins que le PS ne fasse sienne ces bonnes idées avant les présidentielles ?
Nota Bene : Je n’ai pas réussi à retrouver sur le net les images correspondant aux affiches du métro. Si vous les trouvez, n’hésitez pas !
LA CHARTE DES FEMINISTES :
"« Collectif pour la Grande Cause Nationale 2010
contre les violences faites aux femmes »
COMMUNIQUE DE PRESSE
8 MARS 2010
Collectif pour la Grande Cause Nationale 2010 contre les violences faites aux femmes
Oui, la violence masculine envers les femmes existe. Elle a toujours existé. A toutes les époques, sur tous les continents, dans toutes les cultures. Aujourd’hui agir contre ces violences est une Grande Cause Nationale qui concerne l’ensemble de notre société.
Des femmes ont toujours lutté contre les violences masculines. Des luttes personnelles, individuelles pour surmonter la violence. Des luttes solidaires pour venir en aide aux femmes violentées. Des luttes féministes qui s’organisent, se spécialisent, se développent de plus en plus depuis quarante ans contre les multiples formes de violence : violences sexuelles, violences dans la relation de couple, violences liées aux traditions, violences sur le lieu du travail, violences envers les femmes issues d’autres cultures, violences de l’achat de « actes sexuels », violences de l’image dégradée et avilissante des femmes dans la production pornographique….
Aujourd’hui, pour cette Grande Cause nous sommes réunies, organisées dans un collectif de 25 associations. Nos champs d’action sont divers mais nous faisons les mêmes constats.
∑ Quelle qu’en soit la forme, la violence masculine envers les femmes découle de l’organisation millénaire des sociétés humaines, système patriarcal historique et structuré de domination des femmes par les hommes.
∑ Quelle qu’en soit la forme, la violence provoque les mêmes blessures : atteintes à l’identité, à l’intégrité, à la liberté, aux droits fondamentaux, à l’équilibre psychique, à la santé physique et mentale de celles qui en sont victimes ;
∑ Quelle qu’en soit la forme, pour exercer des violences les agresseurs mettent en œuvre la même stratégie : isoler, mépriser et dévaloriser leur victime, transférer la responsabilité des violences sur celle qui les subit, maintenir sous terreur, verrouiller la parole qui mettrait un terme à leur impunité ;
∑ Quelle que soit la forme de violence subie, les femmes violentées ont besoin de soutien, de sécurité, de solidarité, de justice, de soins pour retrouver le sens de leur vie et leur pleine autonomie.
∑ Quelle que soit la forme de violence, le fondement de l’aide que nous pouvons leur apporter est semblable et nous leur disons : vous avez raison de dénoncer la violence, l’agresseur n’avait pas le droit d’agir de cette façon, c’est interdit, c’est puni, vous avez des droits, nous allons vous aider .
Ces quarante années ont permis de briser le silence. Trop longtemps les victimes ont été étouffées par la honte, aujourd’hui il est temps, ensemble, de faire changer la honte de camp !"
Site du collectif : violencesfaitesauxfemmes.com
La vidéo française de la campagne "grande cause nationale" :
Lutte contre les violences faites aux femmes - Spot TV -
envoyé par malilibad. - L’info video en direct.
Une autre campagne qui nous vient d’Afrique du Sud (étonnamment proche, non ?) et qui s’adresse, là encore, aux hommes :
J’aurais tendance à préférer un simple dessin :