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10 ANS DE DELPHINE

vendredi 3 février 2012, par Sophie

Le 3 février est l’anniversaire de sa mort.


Je crois qu’elle aurait adoré l’idée qu’on fête l’anniversaire de sa mort. Un pied de nez à la mort justement. Une façon aussi de perdurer au-delà des années. De rester présente, s’incruster, être là où on ne l’attend pas. De se rappeler au bons souvenirs et aux moins bons de celles qui l’ont aimé et celles qui l’ont détesté, et touTEs les autres qui se trouvaient momentanément dans un entre-deux qu’elle n’appréciait pas. Delphine était extrême et c’était son choix de vie. Fuck ! à qui ne comprenait pas ou n’acceptait pas. Va te faire foutre ! à celles, dont je fis partie, qui s’inquiétait pour elle, aurait aimé qu’elle se préserve, qu’elle soit encore là, en 2012. Vision égoïste qu’elle ne partageait pas. Elle vécu sa vie comme elle l’entendait, avec ses extrêmes et ses moments de flottement, ses aléas et ses grands moments d’exaltation. Qui m’aime me suive. Les autres, pfff.

Delphine était connue en tant que DJ Sextoy. Elle était fière, à juste titre, de cette image publique, qu’elle a construite un peu vite, dans l’urgence d’être derrière des platines, de passer la musique qu’elle aimait, en mélangeant les genres, ce qui ne se faisait pas début 90. Il n’y avait pas d’autres choix, d’autres options que la musique. Peut-être un peu de cinéma, dans les films des copines, mais la musique occupait tout l’espace, du soir au matin, du lever au coucher. Une bande-son ininterrompue pour une version cinématographiée de sa propre vie.

J’ai eu la chance de connaitre Delphine avant Sextoy. C’était évidemment dans une boite de nuit lesbienne, rue de Ponthieu, le Mémory’s ou le Garage ? J’étais venue en bande et elle aussi. On se trouva sur la piste de danse et on rit beaucoup. On riait toujours beaucoup avec ou aux frais de Delphine. Un second degré marque de fabrique d’une jeunesse apparemment dorée qui cachait des zones d’ombre bien violentes et traumatiques. Mais pfff, un sourire, une blague, un pas de danse et on oubliait tout.

Dans une autre boite de nuit lesbienne, porte Maillot, on s’était lancé le défi d’aller inviter à danser, de concert, Catherine Lara et Muriel Robin, qui étaient attablées ensemble dans le carré VIP. "Tu prends la petite, je prends la grande" m’avait susurré Delphine et on s’était approché suffisamment près ... avant de se faire virer assez violemment par la patronne des lieux, qui n’avait pas trouvé notre blague à son goût.

Les pistes de danse étaient des terrains de jeux incessants, où qu’on aille, mais tous les week-ends, sans interruption. On pestait sur Natacha, la DJ qui faisait toujours les mêmes enchainements, qui passait "Bibi" tous les samedis, au Privilège, aux mêmes heures. Mais on revenait, en grugeant l’entrée, allant jusqu’à draguer Tamara la caissière pour entrer gratos. Elula Perrin nous chouchoutait, parce qu’on avait tout le temps le sourire aux lèvres et qu’on était là tous les week-ends, sans savoir qu’on faisait les pires conneries. Maryse, la barmaid, nous avait repéré, elle, et nous servait des doses un peu plus généreuses que celles autorisées.

De boites en soirées, d’ouverture aux fermetures, on s’est fait des amies un peu partout. A l’Entracte en la personne de Laurence, qui nous offrait des verres gratuits, quand on venait déposer nos blousons au vestiaire, moins cher que celui du Privilège. On avait nos habitudes : ouverture et fermeture de l’Entracte, entre-deux au Priv’. Puis Delphine a commencé à organiser des soirées au Scandalo (dont un mémorable Barbie Pouffiasse) grâce à Nicole. Je me souviens aussi des performances Future Kill avec Anastasia et Virginie et des soirées de la Chocha. Puis il y eut le Pulp et l’explosion de sa carrière DJ, jusqu’en 2002.

Il y a quelques images sur le net et peut-être bientôt un film. A l’occasion de ces 10 ans, j’avais envie de partager mes premières images de Delphine, qui ont du être filmées quelques temps après notre rencontre. Je la retrouve telle que dans un rêve ou un souvenir un peu flou. Quelques secondes pour des années d’amitié. Des beaux restes et la tristesse due à son absence.

 

 

Si Youtube le permet, la vidéo sera de meilleure qualité sur ce lien : http://youtu.be/IydD3nqfsc8


Qui était Delphine aka DJ Sextoy ?

Wikipédia la Toya

Tétu

Une photo, un joli texte : adam project

Les amis du Père Lachaise !

La visite de sa tombe est inclue dans le circuit "Erotisme au Père-Lachaise" !

Un mix en ligne sur Panama Steet

Un groupe sur Facebook

Le projet de film de Lidia Terki

Un article hommage sur fluctuat

Les archives en cours de constitution du Pulp : les dix ans du Pulp

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