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SOUDER A GRANVILLE

lundi 13 août 2012, par Sophie

La bourgade normande au son du métal.


Granville, charmante bourgade du sud de la Manche, accueillait cette année la dixième édition de la nuit des soudeurs, dédiée cette fois aux soudeuses. 33 d’entre elles étaient au rendez-vous.

La manifestation est installée sur le port. La "nuit" commence le samedi à 10h avec la collecte de ferraille répandue sur le sol. Les soudeuses font leur choix en commençant à imaginer les oeuvres à créer.

A midi, Yanna Pistruin a déjà bien avancé et la base est en place.

L’imagination doit pouvoir se lâcher pour imaginer comment assembler les éléments disparates qui se sont accumulés.

On lorgne sur les collectes des autres en essayant d’imaginer ce qu’elles vont bien pouvoir faire avec tout ça.

Il faut meuler meuler et encore meuler, c’est à dire découper avec une disqueuse les pièces de métal qui vont être assemblées à l’aide de soudure. Le tout fait un boucan d’enfer, les gerbes de feu s’étalent et on essaye de ne pas bruler sa voisine en passant.

Ça y est, toutes les pièces sont découpées, ça a pris des plombes vu que Yanna aime le métal costaud, ici de l’acier pur et vraiment très dur. Des spectateurs nous diront dans l’après-midi nous avoir observé et admiré vu l’ampleur de la tâche dans laquelle on s’était lancé -Yanna m’avait embauché en cours de route pour prendre son relai à la découpe.

Les badauds sont là et ils seront de plus en plus nombreux, malgré la pluie. Ils ne seront jamais moqueurs mais bien plutôt admiratifs, en connaisseurs et adeptes des techniques du métal. Ils entameront souvent la discussion, quelquefois à des moments peu propices et fixeront jusque tard les flammèches du métal en fusion.

L’assemblage se poursuit tout au long de la journée.

La nuit tombante rend le travail de plus en plus hasardeux, surtout que la pluie se met à tomber dru, il faut tout arrêter, planquer les outils et espérer que l’installation électrique tiendra. L’organisateur nous dira que l’électricité représente la plus grosse dépense de l’évènement, 2000€, pour un budget total de 18000€, ce qui parait peu pour les déplacements et défraiements de la trentaine de soudeuses.

Immergées dans le monde merveilleux du métal, baignant dans un nuage de poussière de fer, les oreilles anesthésiées par les sons stridents des outils en action, on ne voit pas la nuit descendre et l’activité du port derrière nous. On n’entendra pas plus les concerts et autres performances.

Mais à l’heure de l’apéro, stop ! On nous conviera aux discours et petits fours obligatoires pour remercier les sponsors. Le champagne coulera à flots et il sera encore un peu plus dur de s’y remettre.

La nuit amène des centaines de curieux, les regards braqués sur les soudures en cours, tant pis pour leurs yeux. Les grains s’enchainent jusqu’au plus gros qui fait tout sauter.

Le silence des machines dans le fracas du vent impose un repos et la fatigue se fait jour. Il est minuit. Deux heures plus tard, ce sera la trêve jusqu’au lendemain. Dormir sera difficile pour certaines qui rêveront de soudures toute la nuit, alors que d’autres sombreront d’un coup pour quelques heures peu réparatrices.

Dix heures du mat et on découvre les restes de la veille.

Yanna estime sa pièce quasi terminée. Quelques finitions et elle sera prête pour la vente. On a donc le temps de se lancer dans du free-style : création d’un tabouret de jardin, et de deux mini-sculptures : "Le temps qui passe" qui sera mis en vente et une autre, sans nom, pour ma collection perso.

Dimanche 16h, fin de la période de création, lancement de la vente aux enchères. Il faut déplacer les oeuvres jusqu’à la scène, en zigzaguant entre les belles flaques créées par le temps normand. L’entraide entre soudeuses est à son comble, tant mieux, car la pièce de Yanna, "l’Oison" doit faire dans les 150kg.

Les pièces sont toutes là, la vente peut débuter. Les acheteurs sont nombreux et le commissaire priseur connait son monde. Il lance quelques pièces très chères au début, qui ne trouvent pas acheteur, puis très rapidement passe à celles petites et très peu chères. Les enchères démarrent et le jeu prend. Nos voisines soudeuses vendent leur Hippocampe à 150€. "Ça couvrira les frais d’essence pour venir ici" nous dit Catherine.

Spectatrices de la vente, les soudeuses sont plutôt satisfaites de leur travail et du mode de vente. Les badauds râlent à cause du manque de places au premier rang.

De gauche à droite, le commissaire-priseur passe d’une enchère à l’autre, agrémentée de blagues pour tenir le public en haleine. "L’oison" ne trouve pas preneur mais "Le temps qui passe" partira à 60€, ce qui va très bien à Yanna qui m’avouera que l’accueil du public de Granville aura été bien plus gratifiant qu’une vente à plusieurs centaines d’euros. Une propriétaire de maisons d’hôtes achètera une dizaine d’œuvres.

18h, la vente est terminée. "L’oison" reste stoïque au milieu des curieux. Il est temps de nettoyer le terrain de jeu, faire ses aurevoirs à celles qui partent déjà et profiter un peu de la ville. On espère pouvoir revenir l’année prochaine pour une session mixte, qu’on espère paritaire. Mais c’est sans grand espoir, l’organisateur n’étant pas franchement porté sur la politique, voire sur une ouverture de sa manifestation aux femmes, malgré cette édition, dont il nous a annoncé dès le début avoir été contre.

Pour en savoir plus : le site de la nuit des soudeuses

1 Message
  • bjr sophie grosse je m appelle jean luc duthil nous avons été ensemble a l’école au collège a granville ferdinand luçon , je me suis rappeler de ton nom et je suis aller sur le net . J ai vu que tu as une activitée de soudeuse et LOLLLL moi aussi je suis soudeur
    Avec plaisir d ’avoir de tes news voici mon contact jean luc duthil 06 50 25 27 19 ou mail madoneclarisse@outlook.com
    Cordialement