MINOU MINOU
Ambiance détendue ce jeudi 24 mai dans la rue Amelot. Il est 22h, et devant le Panic Room, il y a des filles qui discutent, beaucoup de filles. A l’intérieur, le bar est difficilement accessible et de la musique remonte du sous-sol. C’est la première soirée du Collectif Minou Minou ! Je profite d’une pause clope sur le trottoir, pour leur poser 2, 3 questions.
Nous sommes à votre première soirée, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Vonette : Nous sommes 3, Marilyn, Katia et Vonette. Tout est parti d’une blague il y a 1 mois et demi quand j’ai dit à Katia « oh on devrait faire un collectif ! », il y a eu un blanc et j’ai dit « non tu sais quoi ? on FAIT un collectif ». Tout s’est fait rapidement, on a fait une réu et nous voilà !
Et Marylin dans tout ça ?
Marilyn : On m’a proposé, j’ai dit ouais !
V : Elle a dit oui mais seulement « si je peux mettre des produits sur mes cheveux »
M : Et j’en ai mis..2…différents
Et ce nom « Minou minou » alors ?
M : On voulait associer des trucs qu’on aimait bien comme minou, con-con, gaytho. J’ai d’abord sorti un truc genre « vous reprendrez bien une part de gaytho » qui a été jeté au profit de « minou minou ». je ne le prends pas mal, je formerai un autre collectif au moment ou il y aura scission !
V : Oui on va bientôt se séparer ! de toute façon je suis allergique aux chats !
Comment avez-vous mis en place cette première soirée ?
M : On a fait un gros brainstorming à la première réunion, parce que ce qu’on voulait, c’était faire une soirée participative. Qu’il y ait de la musique, du visuel, faire la promotion de filles gouines qui font différentes choses, dessins, street art, peinture, etc, pour qu’elles puissent s’exprimer à travers la soirée. Une notion participative quoi ! Croiser un peu les disciplines. On était super d’accord sur ce concept.
V : Il va donc y avoir du lancer de javelot, de la natation synchronisée, du macramé…
Katya : ...du lancer de poids ! En tout cas, tout le monde a un rôle, sans avoir de rôle, on s’entraide.
V : L’idée c’était aussi de ne pas inviter des djettes connues, même si on en connait quelques unes qui sont des potes et qu’elles peuvent venir boire des bières avec leurs copines qui sont bonnes par contre. On a préféré inviter à chaque soirée des meufs qui sortent de nulle part, parce qu’on a envie que le paysage musical soit large et différent. Pour ce soir par exemple, c’est la première soirée, donc c’est à priori quand même important, mais on ne s’est pas demandé ce qu’on allait passer comme son, chacune passe ce qu’elle veut et c’est bien comme ça !
M : Une soirée bon enfant et pluridisciplinaire.
Votre soirée se passe le jeudi..pourquoi pas le week-end ?
M : La plupart des filles font déjà des soirées le week-end ! Donc les gens attendent le week-end avec impatience, et d’un coup avec une soirée le jeudi, c’est la libération ! L’apéro du jeudi comme les étudiants, la vieille école..
K : Je travaille le vendredi en plus, et c’est chiant pour moi de changer mon planning !
V : Et puis c’est une soirée gratuite, dans le centre de paris, c’est pas all night long, les filles peuvent venir danser ou boire un verre, même pour 1h.
Une chanson « minou minou », ce serait quoi ?
M : The lovecats de The Cure
K : Samourai pizza cats, c’est un dessin animé ! les gens qui sont nés dans les années 80 et qui ont regardé les dessins animés jusqu’à très tard connaitront !
V : Je ne sais pas trop mais ce serait un truc plutôt hip hop.
Comme la soirée qu’on fait ensemble se passe la veille de la gay-pride, j’ai envie de savoir ce que la gay-pride représente pour vous ?
V : On n’a pas forcément le même avis sur la question. J’ai passé toute mon enfance à la faire pour rigoler et montrer à ma mère et ma grand-mère comment je m’habillais, le fait que c’était cool et qu’on y allait avec mes copines. Pour moi, c’était faire la fête, mais avec le temps et plus je vieillis, plus ça a une importance revendicative. D’autant plus que cette année, nous avons un gouvernement qu’à priori on aura choisi, je pense que c’est hyper important d’y aller, d’être super nombreuses et super nombreux, mais surtout qu’il y ait de plus en plus de filles et que les gouines soient représentées.
M : Oui il faut qu’il y ait de la visibilité et c’est bien qu’il y ait la gay-pride, après c’est plus sur le concept. Les pd et les gouines ne sont pas que des gens de la nuit avec des plumes dans le cul. On a les mêmes devoirs que les gens mais pas les mêmes droits, c’est inadmissible. Il y a des gens qui se font agresser parce qu’ils sont gays, il y en a qui se suicident parce qu’ils sont gays, il y en a qui se font jeter de leur famille parce qu’ils sont gays, donc ils ne le disent pas au boulot, pas à leur famille parce que ça peut être compliqué. Je ne trouve pas ça festif comme vie, parfois, et qu’à la manifestation il y ait un peu de musique d’accord mais il faut surtout des slogans, des banderoles et arriver comme t’es, comme chez Mc do ! T’arrives pas nécessairement habillé en drag king ou drag queen ! T’arrives comme t’es tous les jours au boulot. Il y a des gens à qui tu dis que tu vas à la gay pride et qui te demandent en quoi tu te déguises, je trouve ça lamentable, pathétique, horrible. Moi ça me rend triste alors je ne vais pas défiler. Je ferai la soirée pour représenter. La marche je ne peux plus, une fille seins nues qui me siffle dans l’oreille ça me gonfle, et puis c’est trop le carnaval ! On est stygmatisé par notre sexualité, c’est pas une raison pour être over sexualisé pendant la marche et ne miser que sur ça. Je ne pense pas à ma sexualité tous les jours, je pense d’abord à qui je suis et ça ne se résume au fait que je couche avec des filles.
K : Il y a le côté festif que j’apprécie, parce que c’est toujours sympa de se retrouver tous ensemble que tu connaisses les gens ou pas, à faire la fête le même jour pour une bonne raison. Ce qui me dérange, c’est pas le fait qu’il y ait des gens avec des plumes dans l’cul qui se baladent, parce que si ils ont envie de le vivre comme ça c’est leur droit. Le problème, c’est qu’il n’y a que ça qui est représenté et quand les gens hétéro allument TF1 ou n’importe quelle chaine d’ailleurs, ils tombent que sur ces personnes là, alors qu’il y a quand même beaucoup d’autres gens derrière qui sont là pour défendre des droits. C’est donc pas tant les gens qui y participent mais plutôt ce qui en ressort pour les gens qui n’y participent pas. Après ça m’éclate de pouvoir boire une bière à 15h dans les rues de paris avec de la musique ! Mais il n’y a pas assez de filles, c’est un gros problème à la gay pride ! Si vous m’entendez les filles, il faut sortir un peu, parce que c’est sympa d’être maquée et d’être tranquille à la maison, mais c’est bien de rencontrer d’autres filles aussi !
Le graphisme et les visuels de Minou Minou sont réalisés par Katya ! On retrouve son travail et ses créations (t shirt, sacs and co) >>> ICI !